Voilà maintenant quelques heures que le Soleil s’était levé. Comme à l’accoutumer, il avait remplacé la lune en escaladant le très haut ciel et avait fait disparaître les ancêtres des félins forestiers. Ainsi, le ciel avait été considérablement éclaircit, car il faut se le dire, la lune n’éclaire guère grand-chose. De petits nuages importunaient les rayons du Soleil, les empêchant de vaquer à leur occupation qui était d’éclairer la Terre et de réchauffer celle-ci.

Au fond de sa tanière, Cantilène de la Grive sortit d’une courte nuit. Bien qu’elle n’ait pas eu de cas de maladies à déplorer au sein de son Clan, elle avait passé son temps à rendre visite aux uns et aux autres pour s’assurer que tout allait réellement bien. Comme quoi, la vie de Guérisseuse n’est pas qu’un long fleuve tranquille. Au fond de son nid, elle avait ouvert ses petits yeux verts sur la journée qui commençait. Sans plus de distinction, elle s’était levé et avait décroché un lourd bâillement. S’en suivit alors une petite séance d’étirements afin de faire peser moindre le poids de ses lourdes pattes. Lorsque son petit rituel du levé fut terminé, elle alla chercher promptement deux proies sur le tas de gibier. Celles-ci n’étaient pas fraîches mais suffiraient à la Guérisseuse et à son Apprentie. Elles n’allaient tout de même pas faire les difficiles. Elle déposa une des deux proies devant la litière de Tâches de Panthère et la secoua de la patte pour la réveiller. Elle n’eut pas à insister puisque la jeune novice se réveilla, se leva et dévora la proie en moins de temps qu’il en faut pour le dire. Cette petite scène arracha un sourire à la Guérisseuse qui mangeait elle aussi, avec plus de difficulté peut-être, sa proie. Dès lors qu’elle eut fini de manger, elle s’échappa dans la réserve de plantes. Elle devait faire son petit inventaire, pour savoir s’il fallait ou non aller chercher des plantes aujourd’hui. Elle fit toutes les petites étagères et finit par s’apercevoir qu’elle n’avait plus de menthe. Certes ce n’était pas une plante indispensable à la survie d’un patient, mais c’était très utile lorsque celui-ci était pris d’un rhume. Sortant lentement de la « chambre aux remèdes », comme elle aimait l’appelé, elle interpella son Apprentie, lui demandant d’aller en chercher. Celle-ci partit en quatrième vitesse et Cantilène de la Grive ne put s’empêcher, encore une fois, de sourire. Cette Apprentie était vraiment étrange et en même temps tellement amusante. Elle avait, finalement, bien fait de la choisir, ce n’était pas un mauvais atout. La Guérisseuse prit ensuite l’initiative de se rendre dans la tanière des Anciens afin de retirer leurs éventuels tiques et d’aller aux nouvelles. Ainsi, elle entra de nouveau dans la « chambre aux remèdes » y prit de la bile de souris, quelques boules de mousse et partit voir les vieux chats du Clan. Elle entra dans la tanière, salua ceux qui ne somnolaient pas et commença son inspection des pelages. Elle en aurait passerait du temps dans la tanière. Il y avait de plus en plus d’Anciens dans le Clan du Vent, au fond, ce n’était pas une mauvaise chose, c’était tout simplement que Cantilène de la Grive soignait de plus en plus et de mieux en plus les Guerriers de sorte à ce qu’ils continuent de vivre et vivent assez longtemps pour rejoindre la tanière des Anciens. En fin de compte, Cantilène de la Grive avait toujours plus de travail, entre les nouveau-nés, les anciens et les malades habituels. Fouillant les pelages les uns après les autres, elle ne dégota pas autant de tiques que cela, et forte heureusement. Lorsqu’elle eut finit, elle salua les Anciens avec qui elle venait de passer presque toute la matinée et sortit. Une fois dehors, elle n’eut qu’une envie, allé se rincer les pattes dans de l’eau fraîche. Et c’est ce qu’elle fit, elle sortit du Camp et courut comme si sa vie en dépendait dans toute la lande, en direction d’un point d’eau. Elle prenait beaucoup de plaisir à courir dans le vent, à le sentir soulever tous les poils de son pelage. Elle aimait se sentir tressaillir lorsque le vent la frôlait. Elle s’en était fait un allié et un ami des plus fidèles. Elle eut rapidement fait l’aller-retour et se retrouva de nouveau dans le Camp, mais cette fois-ci, sans occupation apparente. Elle se dirigea, quasiment à l’aveuglette, vers la tanière qu’elle occupait avec son Apprentie et croisa celle-ci devant la tanière. Cantilène de la Grive s’arrêta devant la jeune qu’elle avait prise sous son aile et voulut savoir si son Apprentie s’était acquittée dont elle lui avait fait don. Pour cela, elle ouvrit sa gueule et demanda d’une voix douce :

« As-tu trouvé ce que je t’avais demandé Tâches de Panthère ? »

Pour attendre la réponse de celle à qui elle divulguait tout son savoir, elle s’assit de façon à être face à elle et fit preuve d’un calme à toute épreuve. Aucune chose, mis à part un accident ou une déclaration de maladie, ne la ferait osciller. Plongeant son regard dans celui de Tâches de Panthère, elle patienta.